Agroforesterie Planter des arbres sur les prairies
Cumuler l’intérêt de la prairie avec celui des arbres ? Pourquoi pas, en gardant à l’esprit que la vente de bois d’œuvre n’interviendra que dans plusieurs décennies. En attendant, il faut supporter un investissement et des coûts intermédiaires. Tout en misant sur les bénéfices techniques de l’agroforesterie.
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Investissement
Le coût des protections
La protection des plants est bien plus onéreuse que les plants eux-mêmes, qui coûtent 1 à 1,50 €/tige, selon les essences (un peu plus pour certains bois précieux comme le noyer). Il est recommandé de diversifier les essences (4 par parcelle, par exemple) face aux risques parasitaires et économiques. Alors qu’il suffit de protéger sommairement les tiges plantées sur une parcelle cultivée, le pâturage de ruminants exige une protection renforcée. « Au total, l’investissement de départ se situe autour de 2 000 € TTC/ha pour une parcelle à 80-100 tiges/ha pâturée par des ovins, et 4 500 € TTC/ha si elle est pâturée par des bovins », indique Philippe Majot, du Parc naturel régional des caps et marais d’Opale, qui suit l’expérimentation agroforestière locale démarrée il y a une vingtaine d’années.
Les aides locales
Dans les régions qui ont ouvert la mesure « agroforesterie » dans le cadre du deuxième pilier de la Pac, les subventions peuvent couvrir jusqu’à 80 % de l’investissement total. Outre les investissements matériels, le recours à un prestataire de services peut être aidé, mais pas l’autoconstruction.
Charges intermédiaires
Le temps
Si l’exploitant intervient lui-même, le coût de l’entretien se résume au temps de travail. « Pendant les dix premières années, il faut y passer environ une demi-journée/ha, l’été, indique Antoine Marin, de la société Agroof. Cette taille de formation est déterminante pour la qualité du bois d’œuvre, donc le revenu à terme. Ensuite, il n’y aura plus qu’à élaguer selon les besoins. »
Les manques à gagner
La gêne dans les travaux agricoles (circulation des machines) est moins importante en prairie qu’en cultures, de même que la perte de production liée à l’ombrage et l’emprise au sol. Ce dernier fait l’objet de recherches. Le projet Parasol (1), coordonné par Agroof, livrera ses conclusions dans trois ans. « On s’attend à trouver peu de différences sur la quantité de matières sèches produite, mais une flore modifiée par l’ombrage et des stades de développement décalés, prévoit Antoine Marin. Les légumineuses semblent notamment défavorisées. » Sur cet aspect, de grandes disparités sont prévisibles entre les prairies à fort potentiel du Nord, qui verraient leur productivité diminuée par les arbres, et celles du Sud qui gagneraient en production d’herbe estivale.
Produits escomptés
Bénéfices à quantifier
Autre axe d’étude du projet Parasol, le bien-être animal semble être clairement amélioré par les arbres. Mais difficile de chiffrer ces bénéfices. « Sauf en volailles de plein air, souligne Antoine Marin. On a mis en évidence une consommation d’aliments réduite de près d’un quart lorsque les parcours sont abrités par des arbres. » Certains éleveurs distribuent le feuillage en fourrage d’appoint en été. Le projet Arbele (2) piloté par l’Inra et l’Institut de l’élevage étudie actuellement les bénéfices de cette pratique. Les résidus de taille peuvent être valorisés en bois de chauffage ou bois raméal fragmenté.
Vente de bois d’œuvre
La qualité du bois déterminera sa valorisation : tranchage, ébénisterie, menuiserie ou chauffage, avec des prix variant d’un facteur 20 entre ces débouchés… Mais il reste difficile de faire des projections de prix sur un marché du bois à l’horizon 2070, ou au-delà…
(1) parasol.projet-agroforesterie.net/ (2) www.agroof.net/agroof_dev/arbele.html
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